Comme une hirondelle...
Les 20 cm de neige fraîche tombés ces derniers jours ne pourront rien y changer, c'est le printemps! Et à l'instar des hirondelles, cette période est synonyme pour moi de migration, de retour au pays. Dix-huit jours où j'aurai cette impression bizarre d'être en vacances à la maison mais après 8 heures d'avion! Qu'on le veuille ou non, les racines sont si profondes qu'il est impossible de tourner le dos trop longtemps à la Suisse. Même si les techniques modernes sont une source formidable de contacts permanents avec Mère Patrie, la volonté de revenir épisodiquement est intangible. Comme un Français irait revoir sa Normandie, un Italien son club de foot ou un turc sa Mosquée Bleue, j'ai besoin de revenir dans ma région natale. Au bord du plus beau lac du monde et si proche de nos belles montagnes aux neiges éternelles.
Mais si les paysages, les odeurs et les ambiances sont autant de raisons d'effectuer ce "pèlerinage" annuel, c'est bien évidemment la famille et les amis qu'il me tarde d'embrasser. Skype et Facebook ne remplaceront jamais la promiscuité humaine, le contact physique. Mes parents, ma sœur, mes nièces devenues adultes seront là. Leurs conjoints aussi. La fête sera belle, les retrouvailles euphoriques. Petits moments de bonheur partagé. Oui, rien que pour ces instants, je ne regrette pas notre départ au Québec. Nous avons coupé les ponts avec notre port d'attache, mais le bateau ne disparaîtra pas à l'horizon. Les marins n'oublieront jamais les gens restés au port. Car ceux-ci sont rattachés par le cœur, dont les liens sont bien trop solidement amarrés.
Si les liens de sang sont par essence indestructibles, j'aime croire que ceux de l'amitié le sont tout autant. Cette distance de 6000 kilomètres développe des relations parfois troublantes. Certains copains sont devenus des amis, certains vieux amis perdus de vue en raison des aléas de la vie viennent me voir ou m'écrivent. Un autre a aussi changé de continent et donc de vie, de repères. Un point commun qui nous rapproche... Avec tous, tout redevient comme avant dès que nous entrons en contact. Naturellement.
On oublie jamais ceux qu'on aime, il a fallu ce départ de l'autre côté de l'Atlantique pour le percevoir si distinctement. Parfois, la peur d'être "oublié" me traverse l'esprit. Ma célèbre anxiété reprend vie. Puis un courriel, un téléphone ou une conversation écrite sur Facebook me permet de repousser cette pensée, de profiter de ces instants "avec" eux. Leur vie continue et j'ai choisi de ne plus la partager au quotidien. C'est une réalité. Mais je sais que pour eux comme pour moi, le souvenir des moments partagés, bons ou moins bons, refont surface lorsque nous laissons notre imagination traverser l'Océan.
Chère famille et amis, observez attentivement les hirondelles ce printemps. Une d'elle se posera bientôt près de vous pour vivre ces petits instants de bonheur. Si simples mais si précieux.